Extrait de l’interview du Dr Marque* par notre correspondant au pays des boîtes, Gérard Menvussa.
Le mot « innovation » dans les années 1990 et 2000 était sur toutes les lèvres dans les entreprises. On ne parlait que de ça. En effet, face aux mutations économiques mondiales majeures des années 90, celles qui en découlent depuis et l’avènement d’Internet il fallait réagir. Je n’ai pas d’exemple d’entreprises qui ont traversé ces années sans innover. Que ce soit sur les produits, les services, la production, les stratégies internes, la profondeur de gamme, le marketing, la communication, la distribution, que ce soit un leader ou un challenger, tous les postes sont passés par le prisme de l’innovation.
Un leader pour rester leader doit innover. Un challenger pour passer leader – ou survivre – doit innover ; Comment vendre moins cher ? Comment élargir nos gammes ? Comment capter le client par nos services ? Comment atteindre le haut de gamme ? Comment maîtriser la distribution ? Comment créer la rupture par la communication ? Comment innover encore plus vite ? etc.
Et puis, la décennie 2010 a été submergée par une problématique à résoudre pour nombre d’entreprises un peu à la bourre : « la digitalisation ». Derrière ce mot il faut entendre modernisation, mise à niveau, revenir dans la course, passer d’un site Web vitrine à un site 2.0, recueillir de la data, donner le confort qu’ils trouvent ailleurs aux salariés et aux clients, fournir un iPad aux commerciaux, communiquer « djeun’s », avoir un réseau social, mettre en place un « click and collect », etc. Bref, s’appuyer sur le digital pour être plus rapide, plus performant, plus sécurisé, plus proche du client, plus fluide avec les fournisseurs, plus cool avec les salariés, plus sympa avec la compta, savoir enfin traduire les notes du service juridique et même en tenir compte, c’est ça la digitalisation.
Et tout est important, tout est nécessaire. Mais ce qui est perçu comme une innovation au sein de l’entreprise n’est pas forcément une véritable innovation, perçue par le public. Le mot s’est galvaudé.
La digitalisation a été un passage obligé pour retrouver le chemin de l’innovation mais rarement une innovation en soi. Ouvrir une page Facebook n’est pas une innovation même quand on vend de la crème solaire aux anglais. Entendre les feedbacks de ses clients c’est sympa mais, les écouter vraiment, leur répondre, recueillir la data et l’exploiter pour offrir un nouveau service innovant, c’est mieux.
Si chaque « step » est considéré comme une innovation, alors le mot perd de sa puissance.
En revanche, la décennie 2010 c’est aussi celle de la véritable révolution « communicationnelle ». Là où nous parlions de vitesse de l’information, on parle désormais d’immédiateté de l’information. Il y a même des personnalités qui apprennent leur mort par Twitter. Avec une rapidité de calculs qui double tous les 6 mois, on n’écrit plus, on fait des vidéos en 4k. Et tout le monde peut le faire. La caméra, la régie, la post prod, le système de diffusion tiennent dans la poche. Le quidam donne son avis, traque la moindre faille, la moindre boulette pour faire du like, des vues, des followers, du pognon. Cela met légèrement la pression aux entreprises.
La transition numérique n’était pas éthique, mais les transitions environnementale et énergétique le sont. J’ai donc la conviction profonde que le défi de l’environnement va redonner tout son sens à l’innovation en entreprise et à tous les niveaux. Parce qu’il est essentiel. Parce qu’il y a du pain sur la planche. Parce que c’est du pain sans gluten. Parce que le sujet est complexe ; ni blanc, ni noir et encore moins gris. Parce que chacun veut imposer sa vérité à la face du monde, il va falloir innover et se blinder en communication de crise.
Pour finir, un nouveau monde est en train de s’ouvrir, le Metaverse. Si le démarrage est difficile et traine un peu, j’ai le sentiment que le projet ne sera pas abandonné et que les entreprises préparées auront un sérieux temps d’avance. Nike par exemple ne lâche pas l’affaire.
- 8 millions de visiteurs ont passé du temps à Nikeland depuis son lancement en novembre 2021.
- 600 paires de baskets NFT ont été vendues en seulement six minutes, pour un total de 3,1 millions de dollars.
Tel un rouleau compresseur, il va s’imposer au Monde donc aux entreprises. De plus en plus de clients me demandent d’intervenir sur le sujet et souvent on part de loin. Qu’est-ce que la blockchain? C’est quoi les crypto-actifs (cryptomonnaies)? Les NFT j’y comprends rien! Vous avez dit Web3? Le Metavers dans tout ça? Horizon Worlds? Roblox? etc. Bref tout est fait pour rendre le monde virtuel de demain, très réel. S’il est complexe, non palpable voire inutile pour les plus anciens d’entre nous, il va pourtant falloir innover pour exister réellement virtuellement.
*NB : Le « Docteur Marc Marque » sont un titre et une identité complètement inventés, un pseudonyme purement humoristique, toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Crédit photo couverture : Photo by Kristopher Roller on Unsplash
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